Commentaire mensuel — Équipe Mackenzie Bluewater

Le 1er février, le président Trump a signé un décret imposant des droits de 25 % sur toutes les importations de biens non énergétiques en provenance du Canada et des droits de 10 % sur les importations d’énergie, initialement avec prise d’effet le 4 février. De plus, des droits de 25 % devaient être imposés sur toutes les importations en provenance du Mexique, et de 10 % sur toutes les importations de la Chine. Le Canada devait réagir par des droits de représailles de 25 % sur des importations américaines d’une valeur de 155 milliards $ CA. En date du 3 février, les droits avaient été reportés d’au moins un mois.

Les tarifs douaniers sont incontestablement néfastes à l’économie canadienne. Les États-Unis sont le principal marché d’exportation du Canada, et la valeur annuelle de ces exportations s’élève à près de 600 milliards de dollars canadiens, soit environ 20 % du PIB du Canada.  Voici les principales catégories de biens que le Canada exporte aux États-Unis :

  • Produits énergétiques (pétrole) [33 % des exportations]
  • Autres produits de base [de 25 % à 35 % des exportations]
  • Véhicules et pièces [20 % des exportations]

Ce sont toutes des catégories dans lesquelles nous n’investissons pas directement.  Nous nous attendons à ce que la situation ait des conséquences négatives, mais limitées, sur le CN et le CP, car les tarifs entraîneraient au fil du temps une diminution des volumes de marchandises qui traversent la frontière. Par ailleurs, nos placements en portefeuille ne sont généralement pas touchés par les tarifs, car nous continuons de détenir des sociétés du secteur des services ou des entreprises dont la production est davantage concentrée à l’échelle locale plutôt que de reposer sur de longues chaînes d’approvisionnement. Certes, un ralentissement généralisé de l’économie provoqué par les tarifs se répercuterait dans une certaine mesure sur la plupart des entreprises. Néanmoins, celles dans lesquelles nous avons choisi d’investir sont nettement moins dépendantes de la croissance économique, dans son ensemble.  Ce positionnement du portefeuille devrait favoriser les fonds en cas d’escalade de la guerre commerciale.  De plus, le Canada demeure nettement sous-pondéré dans l’ensemble des fonds.

Les autres effets comprennent les suivants :

Consommation

Dans l’ensemble, les droits de douane seraient une autre tuile sur la tête du consommateur canadien, car nous nous attendons à ce que la production du Canada se déplace vers les États-Unis au fil du temps, ce qui ferait grimper le taux de chômage au Canada.  Pour mettre les choses en perspective, on estime que 46 000 sociétés canadiennes dépendent des exportations aux États-Unis, ce qui soutient à peu près 2 millions d’emplois, soit environ 10 % du total des emplois. En outre, des mesures de représailles par le Canada donneraient lieu à un risque de hausse des prix à la consommation, ce qui amplifierait les effets ressentis par les consommateurs. 

Comme les portefeuilles des consommateurs canadiens sont déjà dégarnis, des tarifs douaniers pourraient continuer d’exercer des pressions sur les dépenses discrétionnaires déjà atténuées du fait des niveaux d’endettement élevés des consommateurs et du ralentissement de l’économie. Le portefeuille a une faible exposition au commerce de détail discrétionnaire, Dollarama étant l’exposition la plus directe.  Toutefois, compte tenu de son positionnement à titre de détaillant à escompte, la société devrait tirer parti de la recherche de produits moins coûteux par les consommateurs.  D’un autre côté, des catégories essentielles, comme les épiciers, devraient demeurer résilientes.  Nous nous attendons à ce que les épiciers tirent parti de l’augmentation du prix des aliments, notamment les détaillants offrant des produits à escompte (p. ex., Loblaws, 60 % à escompte).

Finance

Pour les banques canadiennes, le chômage est le plus important facteur qui détermine les pertes sur prêts. Nous nous attendons à ce que les banques soient touchées par l’affaiblissement de la croissance et un possible cycle de crédit lié à une hausse du chômage, ce qui, à cet égard, n’est pas entièrement pris en compte à notre avis dans le cours des actions bancaires. Le facteur de contrebalancement tient dans toute mesure d’aide (mesures évoquées le dimanche 2 février) à l’intention des sociétés touchées ou des consommateurs dans l’éventualité de pertes d’emploi, un peu comme durant la pandémie. Étant donné que nous sous-pondérons les banques, notre positionnement devrait améliorer notre rendement relatif.

Énergie

À l’heure actuelle, le Canada exporte environ 4 millions de barils par jour de pétrole brut aux É.-U., la plus grande part (environ 60 %) se retrouvant dans les raffineries PADD2 (Midwest américain). Les raffineries du Midwest américain ont été optimisées pour recevoir du pétrole brut canadien plus lourd et ont peu de solutions de rechange mis à part le Venezuela et la Russie. Au nord de la frontière, le Canada ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour exporter d’importants volumes de pétrole brut vers d’autres marchés.  Compte tenu des minces progrès que nous avons constatés sur le plan du développement du gaz naturel liquéfié (GNL), la situation n’est pas près de changer.  Par conséquent, à court terme, ce sont les consommateurs américains qui se retrouveront à payer une facture plus élevée en raison de la passation des tarifs.

Or

Compte tenu de la ruée vers les valeurs refuges, l’or devrait enregistrer des rendements supérieurs, ce qui devrait nuire au rendement relatif. L’or représente environ 8 % du TSX et, sur le plan stylistique, nous n’investissons pas dans des sociétés aurifères.

Les pays ciblés par les droits de douane souffriront probablement davantage que l’économie américaine, mais celle-ci ressentira également des effets. Selon les estimations, le PIB et l’inflation seraient touchés d’environ 50 points de base. Le dollar américain s’est déjà raffermi par rapport à la plupart des devises, ce qui a nui aux sociétés américaines qui génèrent d’importants revenus internationaux.

Il est toujours difficile d’évaluer les conséquences des décisions prises aux États-Unis en raison de leur caractère imprévisible. Ainsi, il est impossible de prévoir quelles mesures le président Trump pourrait imposer ou de déterminer si les mesures proposées ne sont, en fin de compte, qu’un outil de négociation pour forcer le Canada et le Mexique à freiner l’afflux d’immigrants et l’entrée de drogue aux frontières (le Canada s’étant déjà engagé fermement à travailler pour renforcer la sécurité à la frontière) et amener ces pays à faire des concessions au moment de renégocier l’ACEUM en 2026. Il pourrait aussi s’agir d’une nouvelle mise en garde destinée à d’autres pays (en particulier la Chine) pour les avertir que les États-Unis sont prêts à mettre en place des tarifs, même à leur détriment, pour les contraindre à apporter des changements.

La situation est instable et, au moment de rédiger ce commentaire, tant le Canada que le Mexique avaient conclu une entente avec les États-Unis qui a permis de repousser les tarifs d’un mois.  

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